Cependant, même si nous en sommes conscients, apprendre l’échec entraîne toujours une déception.  C’est pourquoi il faut savoir gérer les émotions que cet échec provoque. « La tristesse, la colère, la rage, l’incompréhension, le découragement, le sentiment de culpabilité et l’apathie sont quelques-unes des émotions les plus fréquentes », explique Sandra G. Lumbreras, responsable de l’Unité de Psychologie de Dexeus Mujer. « Souvent on cherche également les causes et des coupables à qui accuser, car, comme il s’agit d’un traitement dans lequel il y a une intervention humaine, l’échec est souvent considéré comme externe, et parfois, l’on perd la confiance dans le centre, le médecin où la procédure, et cela n’aide pas, puisque le malaise émotionnel augmente », ajoute-t-elle.

« La meilleur façon de surmonter cette mauvaise passe est, avant tout, d’éliminer les sentiments de culpabilité envers soi-même et envers les autres, et aussi d’essayer de modifier certaines choses qui renforcent le sentiment de confiance et contrôle que la patiente a sur le processus », explique Sandra. Il est souvent difficile de déterminer exactement ce qui n’a pas fonctionné, mais nous pouvons faire des changements pour nous sentir mieux préparées et plus fortes, physique et moralement. Faire plus d’exercice, éviter le stress autant que possible ou prendre quelques jours de repos, si possible, faire attention à l’alimentation et changer certaines routines sont quelques idées pour se sentir mieux lors de la prochaine tentative.

Il est également important de ne pas avoir des doutes et d’exprimer ce que nous ressentons ouvertement —le positif comme le négatif —, poser au médecin toutes les questions que nous avons et consulter quelles sont nos options d’un point de vue réaliste, surtout si nous avons déjà eu plusieurs échecs ou fausses couches. N’excluez pas de demander un soutien émotionnel ou psychologique.

Si vous avez fait des fausses couches à répétition, il peut être nécessaire de réaliser une étude génétique pour vérifier s’il existe un problème qui affecte votre fertilité ou provoque des altérations chromosomiques chez l’embryon. Demandez un avis médical et donnez-vous du temps avant de décider la prochaine étape à suivre. Ne vous laissez pas porter et n’ayez pas l’impression que les autres décident pour vous. Il est important que vous sentiez que vous participez activement à la prise de décisions.

Dans tous les cas, « même si les sentiments que l’échec provoque sont similaires dans la plupart des cas, pour aider une patiente il est très important de tenir compte de la situation personnelle de chacune d’elles », explique Sandra G. Lumbreras. « Ce n’est pas la même chose de faire face à l’échec d’un traitement si vous avez encore plusieurs embryons, que s’il vous en reste seulement un ou si vous n’en avez plus. On ne ressent pas la même pression à 38 ans qu’à 45, ni si c’est la première tentative échouée ou la troisième », ajoute-t-elle. « Plus il est difficile d’obtenir une grossesse, plus il est difficile d’accepter l’échec et de retrouver l’espoir pour un nouvel essai. C’est pourquoi il est important de savoir dès le départ quelles sont nos options et de planifier, plus ou moins, le temps que nous allons nous donner pour essayer. De plus, le moment venu, il faut être prêt à s’ouvrir à d’autres options, comme la famille d’accueil ou l’adoption, ou même envisager une vie sans enfants », explique-t-elle.

Un autre aspect fondamental qui aide dans ce processus est le soutien émotionnel que l’on reçoit de la part du partenaire et/ou de la famille, ainsi que notre situation économique et professionnelle. Le facteur économique pèse beaucoup et a un impact sur la pression que chaque patiente s’impose et, en même temps, qu’elle impose sur le centre et l’équipe médicale. « Cet aspect touche beaucoup sur le plan personnel, car cela comporte plus d’anxiété et un stress supplémentaire », explique Sandra G. Lumbreras.

Le désaccord ou la divergence d’opinion avec le partenaire, notamment lorsque l’un insiste et l’autre se laisse faire, détériore la relation de couple et influe sur l’état d’esprit de la patiente, ce qui peut avoir une incidence sur les résultats. C’est pourquoi il est important de prendre soin du rapport tout au long du processus, d’être sincère et se soutenir mutuellement et, surtout, n’avoir aucun doute qu’au-delà du projet de famille vous avez un projet de couple.

« Une autre recommandation que je donne également aux patientes, c’est de laisser passer du temps entre un traitement échoué et une nouvelle tentative, si possible », explique Sandra. Le temps permet aux patientes de prendre du recul, et de voir les choses sous un meilleur angle. Cela permet également de réfléchir et de mieux évaluer la situation et les alternatives.

De plus, il est fondamental d’avoir d’autres projets de vie et ne pas laisser notre vie tourner exclusivement autour du traitement et de la maternité. Nous devons continuer à faire nos activités habituelles, interagir avec nos amis et notre famille, et destiner plus de temps à tout ce qui améliore notre bienêtre émotionnel. La vie nous offre de nombreuses choses à apprécier.